Bornes frontières, un peu d’histoire
Dernière modification le 12 juillet 2025
L’ancienne borne frontière prend sa retraite à l’office du tourisme, alors qu’une toute neuve la relève dans le vallon de Pratcel !
Toute personne qui se promène sur les Hauts de Chartreuse a bien repéré ces magnifiques bornes frontières en calcaire blanc avec une belle croix de Savoie d’un côté et une fleur de lys de l’autre. Ces bornes marquent aujourd’hui la frontière entre la Savoie et l’Isère, mais elles sont surtout le témoin, pas si lointain, de la frontière entre la France et la Savoie.
La frontière entre la Savoie et le Dauphiné à régulièrement évolué au cours de l’histoire. En 1349, le Dauphin Humbert II cède le Dauphiné à la couronne de France pour 200 000 florins. De nombreux différends d’importance ont eu lieu régulièrement entre les comtes de Savoie et les comtes d’Albon-Viennois puis Dauphiné de Viennois, les uns voulant s’agrandir au détriment des autres.
Le roi de France en 1355 met fin aux différents conflits via le traité de Paris et instaure une frontière officielle entre la France et la Savoie. Cette frontière fut définie sur le Guiers sans préciser s’il s’agissait du Guiers Vif ou du Guiers Mort, si bien que de nombreux habitants ont usé de cette relative imprécision en s’affichant, en fonction des intérêts du moment, tantôt du côté du Dauphiné, tantôt du côté de la Savoie et du Piémont-Sardaigne.
Le traité de Saint Germain-en-Laye a fixé les limites delphino-savoyardes en 1672, mais il fallut attendre 1760 et le traité de Turin pour que le tracé soit définitivement entériné. La frontière est officiellement reconnue comme étant sur le Guiers Vif.
Louis XIV puis Louis XV ont instauré les bornes frontières. Une série de bornes de première génération a été installée aux confins du Royaume de France dès 1761. Par contre, en 1792, l’occupation de la Savoie par la France rend inutile l’installation de telles bornes. En 1815, la Savoie reprend son indépendance et ce sont des bornes d’une nouvelle génération qui sont installées. En Chartreuse, les bornes sont installées en 1822. Certaines d’entre elles seront simplement remaniées à partir de celles de première génération.
Cartographie de la localisation des bornes frontières de 1822
Ces bornes « modernes » sont calibrées de manière précise et sont soumises à une méthode d’installation très cadrée. Les bornes doivent faire 90cm hors sol et 50cm en sous-sol. La Croix de Savoie est taillée côté Savoie et la fleur de lys côté Dauphiné. Un trait rouge donne la direction des bornes suivantes et chaque borne est numérotée. Le pied de la borne est installé sur un lit de 1 dm3 de charbon et sur une tuile cassée en deux avec la partie cassée vers la borne. Cela permet de marquer le sol et de voir si la borne a été déplacée.
La borne 31 située à l’aval de la croix de l’Alpe était déchaussée depuis plusieurs années. La réserve des Hauts de Chartreuse a financé la construction d’une nouvelle borne et son acheminement en hélicoptère.
La nouvelle borne réalisée dans les règles de l’art en considérant toutes les dimensions officielles a été sculptée par Jean Michel Etienne, sculpteur réputé de Saint-Pierre de Chartreuse. Son acheminement sur site a pu se faire en profitant des héliportages du 16 juin 2022 organisés par la fédération des alpages de l’Isère. L’Héliportage s’est fait à partir des Varvats, chez Jo Tardy.
Récupération de l’ancienne borne :
La nouvelle borne en attente d’héliportage* :
L’ancienne borne :
Plusieurs élus, agents techniques de la commune, agriculteurs et utilisateurs de l’alpage assistaient au départ par héliportage de la nouvelle borne. A l’arrivé, 3 membres de l’association «Saint-Même Patrimoine et héritage de nos villages » ont réceptionné la nouvelle borne et évacuée l’ancienne. Ils ont pu installer immédiatement la nouvelle borne en prenant en compte toutes les règles d’installation définies ci-dessus.
Les lecteurs pourront observer que sur l’ancienne borne, les pourtours de la croix de Savoie sont peints en rouge alors que la nouvelle ne porte aucune trace de peinture. Il est important de rappeler qu’historiquement les croix de Savoie n’étaient pas peintes. Cette peinture est un acte de vandalisme relativement récent.
La conservatrice de la réserve des Hauts de Chartreuse, Suzanne Foret, accompagnée des deux gardes, ont pu vérifier que tout était bien en place. Le coût de l’opération revient environ à 3000€ (sculpture et héliportage) financés par la Réserve naturelle des Hauts de Chartreuse.
Si la nouvelle borne va fièrement continuer la mission de marquer cette frontière historique, l’ancienne borne, quant à elle, est venue prendre sa retraite à l’office du tourisme de Saint-Pierre d’Entremont pour le plaisir du plus grand nombre.
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